vous connaissez
je connais et tu connais
ça alors que l’abat-jour jaune se déchire
que le chat bondit les yeux fous
que le vieux barman se penche sur le zinc
que le colibri dort
vous connaissez je connais et tu connais
alors que les tanks s’entraînent sur de faux champs de bataille
que vos pneus besognent la voie express
que le nain bourré au bourbon bon marché pleure seul le soir
que les taureaux sont élevés avec soin pour les matadors
que l’herbe vous surveille et les arbres vous surveillent
que la mer renferme des créatures énormes et vraies
vous connaissez je connais et tu connais
la tristesse et la gloire de deux pantoufles sous un lit
le ballet que le cœur danse avec le sang
les jeunes filles d’amour qui un jour haïront leur miroir
les heures sup en enfer
déjeuner d’une salade souffreteuse
vous connaissez je connais et tu connais
la fin qui comme on le sait aujourd’hui
semble une saleté de tour après cette saleté de souffrance mais
vous connaissez je connais et tu connais
la joie qui parfois vient de nulle part
montant comme une lune fauconne via l’impossibilité
vous connaissez je connais et tu connais
la folie bigleuse de l’exaltation totale
en sachant qu’au final on n’a pas été floués
vous connaissez je connais et tu connais
alors qu’on regarde nos mains nos pieds nos vies notre chemin
le colibri endormi
les morts des armées assassinés
le soleil qui vous mange quand on lui fait face
vous savez je sais et tu sais
qu’on tiendra la mort en échec.
Copyright Yves Sarda pour la traduction française
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