l’artiste
du dimanche
j’ai peint ces deux derniers dimanches ;
c’est pas grand chose, vous avez raison,
mais dans ce tournoi de grands rêves se brisent :
l’histoire retire sa robe et devient une gourgandine,
et je me suis réveillé le matin
pour voir des aigles battre leurs ailes comme des stores ;
j’ai rencontré Montaigne et Phidias
dans les flammes de ma corbeille à papier,
j’ai rencontré des barbares dans les rues
leurs têtes se balançant avec des rongeurs ;
j’ai vu de méchants poupons dans des tubs bleus
désirant des tiges aussi belles que des fleurs,
et j’ai vu le pilier de bar malade
penché sur son tout dernier sou ;
j’ai entendu Théo Théotocopoulos
les nuits de gel, tousser dans sa tombe ;
et Dieu, pas plus grand qu’une logeuse,
cheveux teints en rouge, m’a demandé l’heure ;
j’ai vu l’herbe grise des amants dans la glace
tout en m’allumant une cigarette sous les applaudissements d’un fou
furieux ;
des Cadillac ont rampé sur le mur comme des cafards,
le poisson rouge a fait tournoyer mon bocal, des tigres dressés
main ;
oui, j’ai peint ces dimanches-ci –
l’usine grise, le nouveau rebelle ; c’est terrible en
réalité :
je dois enfoncer le poing dans du détergent et du chlore,
à travers Andernach des pommes d’api et de l’acide,
mais, alors, je dois en fait vous dire que j’ai une
femme pas loin qui mixe de la pâte à gaufres en chantant,
et que la peinture colle à mon plan comme du bonbon.
Copyright Yves Sarda pour la traduction française
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