ensorcelé à New York
la
dame était la plus infidèle et la plus horrible que j’aie
jamais
rencontrée je le savais et elle le savait elle était
à
la fois laide et belle en même temps et les
deux
qu’elle était
étaient
assises sur le rebord de
la
fenêtre ouverte de cet hôtel
de
New York par
l’une
des journées les plus chaudes de tous les temps, pas
de
climatisation, pas de ventilateur, on suait et
souffrait
en attendant que quelque chose
se
passe.
j’étais
soûl, elle était droguée, on venait juste
de
conclure un brin de copulation
glissante
et après elle a dit « espèce de fils de
pute,
on est coincés ici en enfer ! »
« bon, »
j’ai dit.
puis
je l’ai vue tomber par la fenêtre, on
était
au troisième étage, j’ai entendu le cri,
son
corps avait disparu.
puis
il était de retour, elle était assise sur
le
rebord de la fenêtre à nouveau. « t’as vu ça ? » elle
m’a
demandé. « je suis tombée par la fenêtre ! »
« bon, »
j’ai dit.
«
mais je sais pas comment je me suis rehissée ! » elle a
dit.
« bon, »
j’ai dit.
« c’est
tout ce que tu trouves à dire ? » elle m’a demandé.
« bon » ? »
« je
peux te dire que je te crois une sorcière ou une diablesse
et
que ton numéro de maintenant à la fenêtre vient de le
prouver. »
j’ai
senti qu’en tombant par la fenêtre elle m’avait remonté le
moral
puis qu’elle me l’avait délibérément
détruit
en regrimpant
dedans.
« alors
je suis une sorcière ou une diablesse, hein ? ma foi, plus de partie de
cul
pour toi ! »
« bon, »
j’ai dit.
parfois
on vit et on reste avec une femme sans savoir
vraiment
pourquoi.
avec
elle je le savais : c’était les simples, fascinants,
incessants
mystère et terreur de
son
moi.
Copyright Yves Sarda pour la traduction française
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