le corps
je
traîne
ici
sans
tête
depuis
si longtemps
que
mon corps a oublié
pourquoi
où
et quand ça
s’est
passé.
les
orteils
se
baladent dans des souliers
qui
s’en
tapent.
et
bien que
les
doigts
tranchent
des choses et
tiennent
des choses et
bougent
des choses et
touchent
des
choses
telles
que
oranges
pommes
oignons
livres
corps
je
ne suis plus
raisonnablement
sûr
de
ce que sont ces
choses
elles
sont grosso modo
comme
lumière
de lampe et
brouillard
puis
souvent les mains se
portent
à la
tête
perdue
et
tiennent la tête
comme
les mains d’un
enfant
autour
d’un ballon
un
bloc
air
et bois –
pas
de dents
pas
de partie pensante
et
quand une fenêtre
s’ouvre
en grand
sur
une
église
colline
femme
un
chien
ou
quelque chose qui chante
les
doigts de la main
sont
insensibles à la vibration
car
ils n’ont pas
d’oreilles
insensibles
à la couleur parce
qu’ils
n’ont pas
d’yeux
insensibles
à l’odeur
privés
de nez
le
pays passe comme
non-sens
les
continents
les
lumières du jour et les soirées
brillent
sur
mes ongles
sales
et
dans une glace
mon
visage
un
bloc à disparaître
partie
éraflée d’un ballon
d’enfant
pendant
que partout
bouge
vers
de terre et avions
incendies
sur la terre
hautes
violettes de sainteté
mes
mains lâchent prise lâchent prise
lâchent
prise
Copyright Yves Sarda pour la traduction française
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