jeudi 24 avril 2014

Bukowski poète: «les griffes du paradis»


les griffes du paradis 

papillon de bois
cuisant sourire soda
mouche de sciure –
j’aime mon bide
et le marchand de vin
m’appelle
« Mister Schlass »
les caissiers du champ de course
crient
« LE POÈTE SAIT ! »
quand j’encaisse mes billets.
les dames
dans et hors du lit
disent qu’elles m’aiment
en me voyant marcher sur mes pieds
blancs mouillés.

albatros aux yeux ivres
caleçon Popeye taché de crasse
punaises de Paris,
j’ai dégagé les barricades
ai maîtrisé l’auto
mobile
la gueule de bois
les larmes
mais je connais
le jugement final
comme l’écolier qui voit
le chat se faire écraser
par la circulation qui passe

mon crâne a une fêlure
d’un pouce et demi juste au
sommet.
j’ai la plupart de mes dents de
devant. Je me paie
des crises de vertiges dans les supermarchés
crache du sang quand je bois du
whisky
et m’attriste
jusqu’au
chagrin
quand je pense à toutes les
femmes bonnes que j’ai connues
qui se sont
évaporées
envolées
via des trivialités :
balades à Pasadena,
piques niques d’enfants
bouchons du dentifrice dans
la bonde.

il n’y a rien d’autre à faire
qu’à boire
jouer sur un cheval
parier sur un poème

avec les jeunes filles
qui deviennent femmes
et les mitrailleuses
pointées sur moi
tapi
derrière des murs plus minces
que des paupières

il n’y a aucune défense
sauf toutes les erreurs
commises

entre-temps
je prends des douches
réponds au téléphone
fais bouillir des œufs
étudie le mouvement et le gâchis
et me sens aussi bien
que le prochain en
marchant au soleil.

Copyright Yves Sarda pour la traduction française, 2014

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