mardi 27 mai 2014

Bukowski poète: explosé au premier souffle


explosé au premier souffle


de plus en plus à court de jours
alors que la rampe d’escalier luit
au premier soleil du matin.

il n’y aura plus de repos
même dans nos rêves.

à présent, tout ce qu’il reste à faire c’est de
recomposer
les instants brisés.

quand même exister semble une
victoire
notre chance sûrement est alors
devenue mince

plus mince qu’un flux sanglant
vers la mort.

la vie est une chanson triste :
nous avons entendu beaucoup trop de
voix
vu beaucoup trop de
visages
beaucoup trop de
corps

le pire ça a été les visages :
une sale blague que personne
ne peut comprendre.

des journées barbares absurdes se totalisent
sous le crâne ;
la réalité est une orange
sans jus.

il n’y a aucun plan
aucun dehors
aucune divinité
aucun moineau de
joie.

on ne peut comparer la vie à
rien – c’est
une perspective trop
monotone.

relativement parlant,
on n’a jamais manqué de
courage

mais, au mieux, nos chances
sont restées faibles
et
au pire,
immuables.

et ce qui a été le pire :
non pas que nous les ayons
gaspillées
mais qu’elles aient été
gaspillées
sur nous :

sortant de
la Matrice
piégés
dans la lumière et
l’obscurité

accablés et transis



seuls dans la zone tempérée d’une
souffrance débile
aujourd’hui

de plus en plus à court de jours
alors que la rampe d’escalier luit
au premier soleil du matin.



Copyright Yves Sarda pour la traduction française




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