samedi 11 avril 2015

Bukowski poète, rude compagnie

attendre
dans une vie remplie de petites histoires
qu’une mort vienne

*

rude compagnie

les poèmes comme des pistoleros
sont là tout autour
     tirent des trous dans mes vitres
mâchonnent mon papier cul,
lisent le résultat des courses
laissent le téléphone
décroché.

les poèmes comme des pistoleros,
me demandent
à quoi je joue merde,
et
si j’aimerais pas
tirer ça au clair ?

du calme, je leur dis,
rien ne sert de
courir.

le poème assis à
l’extrémité sud de mon canapé
dégaine
et dit
j’vais lui exploser les couilles à çui
-là ! 

du calme, mon gars, j’ai
des projets pour
toi.

des projets, ah bon ? quels
projets ?

Le New Yorker,
mon gars.
il range son flingue
quelque part.

Le poème assis dans le
fauteuil près de la porte
s’étire
et me dévisage :
tu sais, gros tas, que
t’as été
super paresseux
y a peu.

va chier
je lui dis
qui mène le
jeu ici ?

c’est nous qui menons le
jeu ici
disent tous les
pistoleros
en dégainant leurs flingues :
au
boulot !

ah
te voilà
donc :

ce poème
était celui
qui était assis
tout en haut du
réfrigérateur
jouant à pile ou face avec
des capsules de bière.

et maintenant que
je l’ai balayé
de mon chemin,
tous les autres
sont là à me braquer
de leurs armes en
me disant :
        
à mon tour, à mon tour, à
mon tour !

je suppose que quand
je mourrai
ceux qui resteront
iront s’en prendre à un autre
pauvre
con d’enfoiré.


Copyright Yves Sarda pour la traduction française 





Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire