lundi 7 décembre 2015

Bukowski poète, les chiens aboient des couteaux

les chiens aboient des couteaux

bon dieu les chiens aboient des couteaux
et sur les monte-charges
des bonhommes en meccano
décident de ma vie et de ma mort ;
les faucons louchent
et il n’y a rien à sauver ;
faites-nous connaître l’impossible
faites-nous savoir que les hommes forts meurent en meutes,
faites-nous savoir que l’amour s’achète et se garde
comme un chien-chien – un chien qui aboie des couteaux
ou un chien qui aboie de l’amour ;
faites-nous savoir que vivre sa vie
parmi des milliards d’idiots à la sensibilité moléculaire
est un art en soi ;
faites-nous connaître les matins les nuits et
la perfidie ;
laissez-nous partir avec l’hirondelle
laissez-nous lyncher le dernier espoir
laissez-nous trouver le cimetière des éléphants
et le cimetière des fous ;
laissez ceux qui chantent des chansons de leur invention
laissez les chanter aux idiots aux menteurs
et aux planificateurs stratégiques
dans un jeu trop ennuyeux pour les enfants ;
il n’y a qu’une unique façon de vivre
c’est seul,
et une unique façon de mourir, c’est pareil ;
j’ai entendu défiler leurs armées au pas
toutes ces années ;
que c’est fastidieux –
ce qu’ils visent et ce qu’ils ont gagné ;
que c’est fastidieux qu’ils soient mes maîtres
et me suivront sans doute dans la mort
ajoutant davantage de mort à la mort ;
la voie est entièrement creuse –
je touche un petit anneau à mon doigt
et respire l’air
battu.


Copyright Yves Sarda pour la traduction française 

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