jeudi 31 janvier 2013

Sénèque et le prix de la vie


   Qui ne nous chante aujourd’hui la nécessité, le bonheur de goûter l’instant présent ?
   Or, pour précisément goûter le temps qui passe, j’ouvre un roman démodé des années 1950 (c’étaient les années Sagan) et je lis sous la plume d’une jeune femme : «C’est être vieux que de sentir enfin le prix de la vie.»
   Faut-il comprendre: nous sentons enfin le prix de la vie quand nous ne sommes plus ? Autrement dit, jamais.
   D’une seule phrase, cette fraîche écrivaine balaie les cinq cents pages bien serrées des Lettres à Lucilius : Sénèque a déjà 60 ans quand il les propose à ses lecteurs. Il en a 55 quand il écrit La vie brève. J’adore Sénèque, Epictète, Marc-Aurèle et les autres, mais faut-il se réjouir de sentir enfin le prix de la vie ; amis stoïciens, toute votre philosophie ne se résume-t-elle pas à une médecine pour la vieillesse et les morts vivants, bref pour tous ceux qui déjà ne sont plus ?

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